17:10, Paris, le 9 décembre : il neige, il fait froid, je m'ennuie.
Un 9 décembre, il est bien normal qu'il fasse froid. La neige (enfin, l'espèce de neige fondue), est également une conséquence bien habituelle de l'équation décembre + froid. D'ailleurs, ni l'une ni l'autre n'est vraiment gênante ; ça a même un côté amusant que de savoir que demain matin, tout sera très certainement paralysé. Le froid aura fait geler la neige sur les routes, les rendant impraticables aux urbains inexpérimentés. Avec un peu de chance, le froid aura déposé du givre sur les fils au nom impossible à retenir transportant l'énergie pour les RER, et ceux-ci seront également bloqués. Ou alors c'est la neige qui se sera chargée d'enneiger les voies, lesquelles bien entendu n'auront pas été salées préalablement, comme on aurait pourtant pu s'y attendre.
Bref, Paris démontrera comme chaque année sa mémoire de poisson rouge qui oublie d'un an sur l'autre qu'en hiver, il fait froid et il fait gelé. Tout sera adorablement désorganisé, ce que personnellement j'adore, puisque cet intermède annuel nous rappelle que nous autres modernes petits habitants des villes ne sommes pas à l'abri des éléments, et que nous devons payer notre tribu à la nature, comme tout le monde. Et, outre cet élan païen de ferveur face au démonstrations d'autorité de notre Mère Nature, j'ai aussi le secret espoir de m'en servir comme d'une bonne excuse pour arriver en retard au bureau.
Certes, je ne prends ni la route ni le RER, mais le métro, lequel n'a pas de raison d'être paralysé. Mais comme je prends la ligne 13, je trouverai toujours une excuse circonstanciée. Pour les non-adeptes de la RATP, la ligne 13 a toujours un problème, et sa seule évocation en réponse à la question "ah, et comment tu viens au bureau le matin ?" suffit en général à vous valoir des regards compatissants et à justifier tous les retards matinaux, même en temps normal (à titre d'illustration, ce matin, un train s'est arrêté entre 2 stations, et les usagers ont du évacuer les rames à pied ; ils avaient bien sûr par mesure de sécurité arrêté la circulation du courant, arrêtant l'intégralité de la ligne). Alors, en temps de froid et de neige, tout peut arriver.
Non, en fait, la neige, le froid, tout ça participe à établir l'esprit de noël, celui qui fait qu'on se précipite pour ouvrir la porte de chez soi et se jeter dans le canapé et s'enterrer sous les couvertures, ou qu'on pousse la porte d'un bar pour commander un vin chaud, et pas une bière comme d'habitude ; et ça me plaît. En revanche, ce qui ne va pas, c'est que je m'ennuie.
Oui, je sais, tout le monde s'ennuie parfois. Mais nous sommes en pleine semaine, et je fais un de ces jobs qui suppose d'être tout le temps sur le qui-vive, répondant à de nouveaux défis, fourmillant d'idée et débordant de concepts à mettre en application tels que "créer le whaou effect", "ajouter de la valeur", "penser out of the box", etc. Et mon client paye 50,000€ par an pour que je mette ces beaux concepts en pratique chez lui et lui permette d'avoir de nouvelles idées "breakthrough", de faire du "cost-cutting", de "repenser son business model" et autres "décrocher les rewards de l'innovation" (comment ça c'est pas français ?!). Et au lieu de me donner des tas de choses à faire pour que ces milliers d'Euros soient judicieusement employés à faire éclore des idées rentables à mon cerveau, eh bien... Rien. Il ne fait rien. Ou plutôt, il évoque des choses dont il va me parler plus tard dans la journée. Mais, à maintenant 17:53, plus tard dans la journée c'est naaaaow. Et rien.
Et c'était à peu près la même chose la semaine dernière, et celle d'avant. Oh, je ne dis pas qu'il ne me donne jamais rien à faire, non. De temps à autre, les "faut que je te parle d'un truc sur lequel je voudrais que tu travailles" se transforment réellement en truc sur lequel il faut que je travaille. En général, c'est une comparaison des postes de coûts entre différentes "business units" ou bien la rédaction d'une notice d'utilisation pour un fichier Excel de réduction de l'activité des usines. Enfin, rien de génialement intéressant, ni qui constitue un véritable défi pour mes neurones en cours d'atrophie.
Ca durait depuis un petit moment quand j'ai fini, il y a quelques mois, par me dire que j'avais fait le tour de mon boulot. Ca n'a heureusement pas toujours ressemblé à ça, et j'ai eu des missions passionnantes ; mais là je sentais la lassitude me gagner, j'avais appris ce qu'il y avait à apprendre au sujet du conseil en stratégie, et il me fallait autre chose. Autre chose, c'est à dire plus d'opérationnel dans mon boulot de tous les jours, la possibilité de nouer des relations de long terme avec des collègues et des supérieurs qui apprendraient à me faire confiance, plus de latitude dans mes actions... Ce que je ne voulais pas abandonner en revanche, c'était le côté surplombant qu'on peut avoir quand on bosse à la direction de grands groupes, la possibilité d'être impliqué dans des problématiques de haut niveau, le challenge intellectuel.
J'en ai donc tiré la conclusion qu'il fallait que je bosse dans une "vraie" entreprise, sur des produits qui m'intéressent, et que la direction de la stratégie était probablement le type de département dans lequel je pourrais commencer à faire mes preuves et m'impliquer plus avant dans l'implémentation des projets.
Et voilà comment, le 1er avril prochain, je serai officiellement une employée de Philips Luminaire, avec un poste de Strategy Manager au sein du département "Management and General Affairs". Et tout ça à... Eindhoven.
PS. Ah, et les fils du train s'appellent les cathénaires :)
Un 9 décembre, il est bien normal qu'il fasse froid. La neige (enfin, l'espèce de neige fondue), est également une conséquence bien habituelle de l'équation décembre + froid. D'ailleurs, ni l'une ni l'autre n'est vraiment gênante ; ça a même un côté amusant que de savoir que demain matin, tout sera très certainement paralysé. Le froid aura fait geler la neige sur les routes, les rendant impraticables aux urbains inexpérimentés. Avec un peu de chance, le froid aura déposé du givre sur les fils au nom impossible à retenir transportant l'énergie pour les RER, et ceux-ci seront également bloqués. Ou alors c'est la neige qui se sera chargée d'enneiger les voies, lesquelles bien entendu n'auront pas été salées préalablement, comme on aurait pourtant pu s'y attendre.
Bref, Paris démontrera comme chaque année sa mémoire de poisson rouge qui oublie d'un an sur l'autre qu'en hiver, il fait froid et il fait gelé. Tout sera adorablement désorganisé, ce que personnellement j'adore, puisque cet intermède annuel nous rappelle que nous autres modernes petits habitants des villes ne sommes pas à l'abri des éléments, et que nous devons payer notre tribu à la nature, comme tout le monde. Et, outre cet élan païen de ferveur face au démonstrations d'autorité de notre Mère Nature, j'ai aussi le secret espoir de m'en servir comme d'une bonne excuse pour arriver en retard au bureau.
Certes, je ne prends ni la route ni le RER, mais le métro, lequel n'a pas de raison d'être paralysé. Mais comme je prends la ligne 13, je trouverai toujours une excuse circonstanciée. Pour les non-adeptes de la RATP, la ligne 13 a toujours un problème, et sa seule évocation en réponse à la question "ah, et comment tu viens au bureau le matin ?" suffit en général à vous valoir des regards compatissants et à justifier tous les retards matinaux, même en temps normal (à titre d'illustration, ce matin, un train s'est arrêté entre 2 stations, et les usagers ont du évacuer les rames à pied ; ils avaient bien sûr par mesure de sécurité arrêté la circulation du courant, arrêtant l'intégralité de la ligne). Alors, en temps de froid et de neige, tout peut arriver.
Non, en fait, la neige, le froid, tout ça participe à établir l'esprit de noël, celui qui fait qu'on se précipite pour ouvrir la porte de chez soi et se jeter dans le canapé et s'enterrer sous les couvertures, ou qu'on pousse la porte d'un bar pour commander un vin chaud, et pas une bière comme d'habitude ; et ça me plaît. En revanche, ce qui ne va pas, c'est que je m'ennuie.
Oui, je sais, tout le monde s'ennuie parfois. Mais nous sommes en pleine semaine, et je fais un de ces jobs qui suppose d'être tout le temps sur le qui-vive, répondant à de nouveaux défis, fourmillant d'idée et débordant de concepts à mettre en application tels que "créer le whaou effect", "ajouter de la valeur", "penser out of the box", etc. Et mon client paye 50,000€ par an pour que je mette ces beaux concepts en pratique chez lui et lui permette d'avoir de nouvelles idées "breakthrough", de faire du "cost-cutting", de "repenser son business model" et autres "décrocher les rewards de l'innovation" (comment ça c'est pas français ?!). Et au lieu de me donner des tas de choses à faire pour que ces milliers d'Euros soient judicieusement employés à faire éclore des idées rentables à mon cerveau, eh bien... Rien. Il ne fait rien. Ou plutôt, il évoque des choses dont il va me parler plus tard dans la journée. Mais, à maintenant 17:53, plus tard dans la journée c'est naaaaow. Et rien.
Et c'était à peu près la même chose la semaine dernière, et celle d'avant. Oh, je ne dis pas qu'il ne me donne jamais rien à faire, non. De temps à autre, les "faut que je te parle d'un truc sur lequel je voudrais que tu travailles" se transforment réellement en truc sur lequel il faut que je travaille. En général, c'est une comparaison des postes de coûts entre différentes "business units" ou bien la rédaction d'une notice d'utilisation pour un fichier Excel de réduction de l'activité des usines. Enfin, rien de génialement intéressant, ni qui constitue un véritable défi pour mes neurones en cours d'atrophie.
Ca durait depuis un petit moment quand j'ai fini, il y a quelques mois, par me dire que j'avais fait le tour de mon boulot. Ca n'a heureusement pas toujours ressemblé à ça, et j'ai eu des missions passionnantes ; mais là je sentais la lassitude me gagner, j'avais appris ce qu'il y avait à apprendre au sujet du conseil en stratégie, et il me fallait autre chose. Autre chose, c'est à dire plus d'opérationnel dans mon boulot de tous les jours, la possibilité de nouer des relations de long terme avec des collègues et des supérieurs qui apprendraient à me faire confiance, plus de latitude dans mes actions... Ce que je ne voulais pas abandonner en revanche, c'était le côté surplombant qu'on peut avoir quand on bosse à la direction de grands groupes, la possibilité d'être impliqué dans des problématiques de haut niveau, le challenge intellectuel.
J'en ai donc tiré la conclusion qu'il fallait que je bosse dans une "vraie" entreprise, sur des produits qui m'intéressent, et que la direction de la stratégie était probablement le type de département dans lequel je pourrais commencer à faire mes preuves et m'impliquer plus avant dans l'implémentation des projets.
Et voilà comment, le 1er avril prochain, je serai officiellement une employée de Philips Luminaire, avec un poste de Strategy Manager au sein du département "Management and General Affairs". Et tout ça à... Eindhoven.
PS. Ah, et les fils du train s'appellent les cathénaires :)
2 commentaires:
Trop bon que tu commences un blog aussi, ca me fera plus de lecture au boulot pendant les périodes creuses (à savoir pas en ce moment... budget oblige =/).
Par contre il faudrait que tu veilles à aligner ton texte (petite boite comme sous word lors de la rédaction :-)), ca énerve les psychopates comme moi :-)
Et sinon je croyais que les fils du train c'était des cathéters, mais en fait j'ai confondu avec des trucs pour relier des veines dans le corps des malades :-P
Ayé Thib', j'ai aligné, calm down, calm down ! :-)
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