9:10, Paris, le 10 décembre : on ne devrait pas avoir à commencer une journée aussi tôt
Ce matin, réunion 8:30. Hier, mon client me demande (après une journée entière à m'ignorer) : "réunion à 8:30 demain, tu es libre ?". Je me suis retenue de répondre qu'en général à cette heure-ci, en effet je n'ai pas grand chose de prévu, surtout pas des réunions. A la place, je me suis contentée d'un sobre "oui, bien sûr, John" assorti de mon plus joli sourire. Grrrrr.
Pour ma défense, ce n'est pas tant que je déteste les réunions tôt le matin ; c'est plutôt que, quitte à s'ennuyer toute la journée, autant que la journée en question commence à 10:00 qu'à 8:30. Et la réponse est oui, je suis grognonne en ce moment. Mais essayez, aussi, de rester toute la journée assise à un bureau à avoir l'air sérieux quand vous vous ennuyez !
Donc ce matin, après avoir laborieusement ouvert un oeil vers 7:50 (c'est fou comme c'est difficile de se lever avant le soleil), je décide d'appeler un taxi pour ne pas rater la réunion. Taxi réservé à 7:52, délai annoncé de 7 minutes. Je me lave en 4 minutes top chrono (dents comprises), m'habille dans la foulée (3 minutes + 1 minute pour décoincer ma fermeture éclair). A ce stade, je suis déjà sensée descendre prendre mon taxi ; mais je dédie quand même 2 minutes au maquillage, 1 minute au coiffage et, finalement apitoyée par mon chat qui miaule à la porte de la salle de bain, je consacre une dernière minute à nourrir l'espèce de furie qui me sert d'animal de compagnie.
12 minutes plus tard donc, et sans trop d'états d'âme (après tout, les taxis sont toujours en retard, et je viens magnanimement de lui accorder 5 minutes de délai) je suis en bas. Et là, pas de taxi. Je poireaute donc dans le froid en me dandinant d'une jambe sur l'autre, et en tentant de me donner bonne contenance face aux passants matinaux. C'est une chose que les hommes ne comprendront sans doute jamais, cette petite gêne qu'on ressent quand, seule, de nuit, on fait le pied de grue sur un trottoir en regardant avec insistance toutes les voitures (en fait, seulement les taxis, mais qui le sait?) qui passent. Pour l'histoire, il m'est déjà arrivé plus d'une fois qu'une voiture ou un passant s'arrête, et là, on ne sait vraiment pas où se mettre.
5 minutes d'essais déséspérés pour avoir l'air d'être une authentique business woman plus tard, à grand renfort de lecture de mail sur le blackberry, lesquels mails "pros" sont de facto intitulés "offre du jour SuperBonPlan" et de coups d'oeil théatraux et excédés à une montre imaginaire qui est en réalité posée à côté de mon lit, mon taxi décide de se pointer. Ca fait déjà 17 minutes qu'il est sensé être là.
Aimable comme un mardi matin de décembre à 8:09, je monte dans le taxi et lui demande si c'est à cause du marché qu'il est en retard. L'idée, pas forcément transparente, certes, est que si il y a marché, il va falloir qu'on rejoigne le périph' par un autre chemin, autrement on est bons pour un grand quart d'heure coincés entre les cartons de robes pour mémé en forme de sacs et les cagettes de salade.
Là, mon taxi me répond qu'il n'est pas en retard, qu'il a juste eu "3 ou 4 minutes de délai", m'informe qu'à son humble avis ceci ne constitue pas un retard digne d'être mentionné, et que de toutes manières il n'est pas passé par l'avenue qui monte du périph', donc il ne sait absolument pas s'il y a marché. Sale type.
A ce moment là, je pense très fort à Thibaud et aux aventures qu'il a eues avec ses taxis thaïlandais (voir les messages de mai 08 de son blog), me dis que bon, ça c'est de la gnognotte (d'ailleurs j'ai connu des taxi français bien pires), et finis par me résigner à indiquer l'adresse, et "prenez la rue des Rosiers, qu'on évite la porte de St Ouen". Au moins mon chauffeur de taxi sait parfaitement de quelle rue je parle parmi les miliers d'obscures rues parisiennes et il ne se plante pas de chemin. J'arrive donc à temps pour la fameuse réunion.
Dans l'ensemble, on a beau se plaindre, le taxi français est compétent. Il est parfois trop bavard, grognon, ça m'est arrivé de tomber sur des racistes, il y en a qui se croient pilotes de course, d'autres qui veulent rien écouter du "si vous avez un itinéraire préféré, indiquez-le au chauffeur", il y a ceux qui vous draguent et ceux qui conduisent de telle façon que vous préféreriez presque finir le chemin à pied, même s'il pleut, qu'on est sur l'autoroute et qu'il fait 2°C ; mais ils ont au moins ça de bien qu'ils savent où sont toutes les rues de Paris et qu'ils peuvent vous y emmener par un chemin (raisonnablement) direct.
En fait, le pire qui puisse vous arriver dans un taxi à Paris, c'est de passer un moment éminemment folklorique. Parmi ces moments folkloriques où j'essayais de garder sérieux et sang-froid, citons :
- Le chauffeur breton qui voulait me montrer qu'il connaissait mieux le quartier dans lequel j'habite que moi, et qui, après le "prenez par la rue des Rosiers", plutôt que de rejoindre la porte de Clignancourt, et malgré mes demandes inquiètes, a voulu rejoindre le périph' par la porte située entre celle de Clignancourt et celle de St-Ouen. Parisiens et non-parisiens, à vos mappy. Si vous trouvez cette entrée sur le périph', je vous paye un whisky. Et on s'étonne que les bretons aient une réputation de têtes de mule.
- Le chauffeur qui, après m'avoir récupérée à mon boulot vers 23:00, m'a demandé si je travaillais toujours autant, puis (subtilement), si mon mari appréciait ça ("- je ne suis pas mariée - Aaaah..."), avant d'enchaîner sur "est-ce que au moins vous êtes bien payée" et "vous possédez votre appartement ?" (double "oui"), et qui a fini par en déduire que j'étais la femme idéale (puisque jeune, jolie, riche et chroniquement absente), et par me demander si je ne voulais pas le prendre comme gigolo. Bien sûr j'ai répondu non, bien qu'il ait eu l'air parfaitement à même de répondre à cette fonction (c'était un chauffeur de la catégorie "jeune et canon")
- Le chauffeur qui, quand il a su que je bossais dans la stratégie, m'a informée d'un air de confidence qu'il avait une stratégie très maligne pour résoudre la faim dans le monde, qu'il l'avait envoyée au Président de la république, mais que pour des raisons de confidentialité, il ne pouvait m'en parler ; qui, ayant fini par céder à mes supplications, m'a déclaré qu'il suffisait d'envoyer tout le pain dur non consommé en France et aux USA aux pays pauvres ; et qui a eu l'air déçu mais néanmoins dubitatif quand je lui ai déclaré que les problèmes logistiques et sanitaires pouvaient malheureusement empêcher cette brillante idée d'être mise à exécution, mais qu'il ne devrait cependant pas hésiter à donner quelques kilos de farine lors de la prochaine collecte en faveur d'une intervention humanitaire, et que les gens pourraient alors produire leur propre pain dur (ou pas). Chauffeur, si vous me lisez, ne m'en veuillez pas d'avoir divulgué votre idée, je suis sûre qu'elle a déjà trouvé un écho mérité auprès du Président de la République, et que ce n'est donc plus un secret.
Bref, les aventures en taxi ne manquent pas, et ma vie au pays du vélo manquera certainement de saveur en comparaison.
D'ailleurs, ce départ en pays Nhollandais, il faut que je le prépare. En vrac :
- Ecrire ma lettre de démission à mon job actuel
- Louer mon appartement
- Me renseigner sur les formalités administratives à effectuer en France
- Trouver un appartement là-bas
- Etc...
Nhollande, me voilà !
Ce matin, réunion 8:30. Hier, mon client me demande (après une journée entière à m'ignorer) : "réunion à 8:30 demain, tu es libre ?". Je me suis retenue de répondre qu'en général à cette heure-ci, en effet je n'ai pas grand chose de prévu, surtout pas des réunions. A la place, je me suis contentée d'un sobre "oui, bien sûr, John" assorti de mon plus joli sourire. Grrrrr.
Pour ma défense, ce n'est pas tant que je déteste les réunions tôt le matin ; c'est plutôt que, quitte à s'ennuyer toute la journée, autant que la journée en question commence à 10:00 qu'à 8:30. Et la réponse est oui, je suis grognonne en ce moment. Mais essayez, aussi, de rester toute la journée assise à un bureau à avoir l'air sérieux quand vous vous ennuyez !
Donc ce matin, après avoir laborieusement ouvert un oeil vers 7:50 (c'est fou comme c'est difficile de se lever avant le soleil), je décide d'appeler un taxi pour ne pas rater la réunion. Taxi réservé à 7:52, délai annoncé de 7 minutes. Je me lave en 4 minutes top chrono (dents comprises), m'habille dans la foulée (3 minutes + 1 minute pour décoincer ma fermeture éclair). A ce stade, je suis déjà sensée descendre prendre mon taxi ; mais je dédie quand même 2 minutes au maquillage, 1 minute au coiffage et, finalement apitoyée par mon chat qui miaule à la porte de la salle de bain, je consacre une dernière minute à nourrir l'espèce de furie qui me sert d'animal de compagnie.
12 minutes plus tard donc, et sans trop d'états d'âme (après tout, les taxis sont toujours en retard, et je viens magnanimement de lui accorder 5 minutes de délai) je suis en bas. Et là, pas de taxi. Je poireaute donc dans le froid en me dandinant d'une jambe sur l'autre, et en tentant de me donner bonne contenance face aux passants matinaux. C'est une chose que les hommes ne comprendront sans doute jamais, cette petite gêne qu'on ressent quand, seule, de nuit, on fait le pied de grue sur un trottoir en regardant avec insistance toutes les voitures (en fait, seulement les taxis, mais qui le sait?) qui passent. Pour l'histoire, il m'est déjà arrivé plus d'une fois qu'une voiture ou un passant s'arrête, et là, on ne sait vraiment pas où se mettre.
5 minutes d'essais déséspérés pour avoir l'air d'être une authentique business woman plus tard, à grand renfort de lecture de mail sur le blackberry, lesquels mails "pros" sont de facto intitulés "offre du jour SuperBonPlan" et de coups d'oeil théatraux et excédés à une montre imaginaire qui est en réalité posée à côté de mon lit, mon taxi décide de se pointer. Ca fait déjà 17 minutes qu'il est sensé être là.
Aimable comme un mardi matin de décembre à 8:09, je monte dans le taxi et lui demande si c'est à cause du marché qu'il est en retard. L'idée, pas forcément transparente, certes, est que si il y a marché, il va falloir qu'on rejoigne le périph' par un autre chemin, autrement on est bons pour un grand quart d'heure coincés entre les cartons de robes pour mémé en forme de sacs et les cagettes de salade.
Là, mon taxi me répond qu'il n'est pas en retard, qu'il a juste eu "3 ou 4 minutes de délai", m'informe qu'à son humble avis ceci ne constitue pas un retard digne d'être mentionné, et que de toutes manières il n'est pas passé par l'avenue qui monte du périph', donc il ne sait absolument pas s'il y a marché. Sale type.
A ce moment là, je pense très fort à Thibaud et aux aventures qu'il a eues avec ses taxis thaïlandais (voir les messages de mai 08 de son blog), me dis que bon, ça c'est de la gnognotte (d'ailleurs j'ai connu des taxi français bien pires), et finis par me résigner à indiquer l'adresse, et "prenez la rue des Rosiers, qu'on évite la porte de St Ouen". Au moins mon chauffeur de taxi sait parfaitement de quelle rue je parle parmi les miliers d'obscures rues parisiennes et il ne se plante pas de chemin. J'arrive donc à temps pour la fameuse réunion.
Dans l'ensemble, on a beau se plaindre, le taxi français est compétent. Il est parfois trop bavard, grognon, ça m'est arrivé de tomber sur des racistes, il y en a qui se croient pilotes de course, d'autres qui veulent rien écouter du "si vous avez un itinéraire préféré, indiquez-le au chauffeur", il y a ceux qui vous draguent et ceux qui conduisent de telle façon que vous préféreriez presque finir le chemin à pied, même s'il pleut, qu'on est sur l'autoroute et qu'il fait 2°C ; mais ils ont au moins ça de bien qu'ils savent où sont toutes les rues de Paris et qu'ils peuvent vous y emmener par un chemin (raisonnablement) direct.
En fait, le pire qui puisse vous arriver dans un taxi à Paris, c'est de passer un moment éminemment folklorique. Parmi ces moments folkloriques où j'essayais de garder sérieux et sang-froid, citons :
- Le chauffeur breton qui voulait me montrer qu'il connaissait mieux le quartier dans lequel j'habite que moi, et qui, après le "prenez par la rue des Rosiers", plutôt que de rejoindre la porte de Clignancourt, et malgré mes demandes inquiètes, a voulu rejoindre le périph' par la porte située entre celle de Clignancourt et celle de St-Ouen. Parisiens et non-parisiens, à vos mappy. Si vous trouvez cette entrée sur le périph', je vous paye un whisky. Et on s'étonne que les bretons aient une réputation de têtes de mule.
- Le chauffeur qui, après m'avoir récupérée à mon boulot vers 23:00, m'a demandé si je travaillais toujours autant, puis (subtilement), si mon mari appréciait ça ("- je ne suis pas mariée - Aaaah..."), avant d'enchaîner sur "est-ce que au moins vous êtes bien payée" et "vous possédez votre appartement ?" (double "oui"), et qui a fini par en déduire que j'étais la femme idéale (puisque jeune, jolie, riche et chroniquement absente), et par me demander si je ne voulais pas le prendre comme gigolo. Bien sûr j'ai répondu non, bien qu'il ait eu l'air parfaitement à même de répondre à cette fonction (c'était un chauffeur de la catégorie "jeune et canon")
- Le chauffeur qui, quand il a su que je bossais dans la stratégie, m'a informée d'un air de confidence qu'il avait une stratégie très maligne pour résoudre la faim dans le monde, qu'il l'avait envoyée au Président de la république, mais que pour des raisons de confidentialité, il ne pouvait m'en parler ; qui, ayant fini par céder à mes supplications, m'a déclaré qu'il suffisait d'envoyer tout le pain dur non consommé en France et aux USA aux pays pauvres ; et qui a eu l'air déçu mais néanmoins dubitatif quand je lui ai déclaré que les problèmes logistiques et sanitaires pouvaient malheureusement empêcher cette brillante idée d'être mise à exécution, mais qu'il ne devrait cependant pas hésiter à donner quelques kilos de farine lors de la prochaine collecte en faveur d'une intervention humanitaire, et que les gens pourraient alors produire leur propre pain dur (ou pas). Chauffeur, si vous me lisez, ne m'en veuillez pas d'avoir divulgué votre idée, je suis sûre qu'elle a déjà trouvé un écho mérité auprès du Président de la République, et que ce n'est donc plus un secret.
Bref, les aventures en taxi ne manquent pas, et ma vie au pays du vélo manquera certainement de saveur en comparaison.
D'ailleurs, ce départ en pays Nhollandais, il faut que je le prépare. En vrac :
- Ecrire ma lettre de démission à mon job actuel
- Louer mon appartement
- Me renseigner sur les formalités administratives à effectuer en France
- Trouver un appartement là-bas
- Etc...
Nhollande, me voilà !
1 commentaire:
Quelle patience d'écrire autant, moi ca me gonfle d'une force, mais d'une force... :-)
Bon déjà merci pour la référence, ca me fera (peut-être) plus de fans ;-)
Pour les petits tips de gens ne vivant plus dans l'héxagone, le statut de non résident te permet de ne plus payer tes impots en France (a voir si c'est avantageux aux Pays-Bas, à Singapour c'est trop le bon plan :-)) et aussi de ne plus en payer sur tout ce qui est assurance-vie, CAT et épargnes en tout genre, ce qui redonne un intérêt à l'épargne bancaire (au lieu des produits qui rapportent 2.5% net quand l'inflation est à 3.3%...).
Il reste beaucoup d'autres petites joies du style à découvrir mais je te laisse la surprise ;-)
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