lundi 4 mai 2009

Queensday a 'Dam


Le jeudi 30 avril est férié ici, c’est l’anniversaire de la Reine (ou de sa mère, je ne sais plus). Du coup, le 1er mai était un pont, et j’ai eu droit a un grand WE. On en a donc profite pour aller a la Fête de la Reine a Amsterdam, Alex, 3 autres amis (Audré, July Jane, Flo), et moi.

Pendant cette journée, tout le monde a le droit de vendre ce qu’il veut (surtout si c’est orange, vu que c’est la couleur de la Reine), du coup la ville entière ressemble a un grand marche aux puces qui serait entre en collision avec une foire. Ca donne notamment des vendeurs de foulards, chapeaux en tous genres et T-shirts oranges, a coté d’un vendeur de Kebab, d’une grande roue, et d’un gars qui vide son grenier sur un drap a même le trottoir. Il y a de la musique toute la journée dans la ville, la bière coule a flots (et le Redbull-vodka aussi), il y a autant de locaux que de touristes, et le mélange de toutes ces nationalités déguisées en orange parmi les péripatéticiennes (mot compte triple) du quartier rouge forme une foule haute en couleurs.

Tous les petits flambeurs du coin qui doivent a leur bonne étoile (ou au compte en banque de leur papa) d’avoir un bateau en profitent pour frimer sur les canaux de la ville, avec plus ou moins de classe selon que le fournisseur en question, étoile ou autre, leur a donné accès a une vedette ou une barque moisie. Les papi-flambeurs transbahutent leur petite famille qui s’ennuie silencieusement au ras de l’eau ; les flambeurs thunés ont embarqué sur leur mini péniche la sono et toutes les minettes en mini-jupe orange qu’ils ont trouvées, et se tortillent en rythme au mépris du danger (réel) qu’il y a a se balancer en cadence a 40 sur un bateau de 8 mètres qui dépasse de l’eau d’une petite quinzaine de centimètres. Mais bon, visiblement les bateaux hollandais sont prévus pour ce genre d’occasion, et nous n’avons assisté a aucun naufrage (a notre très grand et très envieux regret)

Le flambeur moyen, enfin, n’a pas eu les moyens de se doter de la sono adéquate (comme Sheila), et colle donc de plus près au flambeur thuné ; ce qui n’est pas difficile car, si il y a des kilomètres de canaux a Amsterdam, tout bon flambeur ne peut que se rendre aux endroits stratégiques ou la foule, dont la jalousie goutte du coin de sa bouche baveuse sur les trottoirs d’Amsterdam, pourra l’admirer de tout son saoul : tous les bateaux sont donc embouteilles a des endroits clés, et tout le monde profite de la musique. Comme il n’a pas non plus pu embarquer les minettes saumonées, il essaie de profiter du prestige de son rafiot pour en embarquer sur son parcours (et, vu les embouteillages, il n’avance pas très vite, ce qui facilite le repérage). On peut donc assister, comme sur un grand marche ou les acheteurs se déplaceraient sur les canaux le long de quais-étalages ensoleillés, a des scènes sympathiques ou les acheteurs se désignent du doigt les plus jolis poissons orangés, avant de s’approcher de la berge pour faire monter leurs emplettes ravies.

Évidemment, je raconte ca avec un peu d’acrimonie, étant donne que, notre petit groupe de 5 personnes (dont deux mecs) ne comptant aucune marchandise colorée, ni d’emballage propre a mettre en valeur la marchandise (pas de mini-jupe ni de décolleté outrageux) , aucun bateau ne s’est arrêté pour nous proposer de monter. On a bien tenté de se faire adopter par les bateaux qui accostaient de temps a autre pour embarquer des jeunes femmes fraichement vêtues ou pour faire une pause et permettre a leur cargaison de se rendre aux toilettes (c’est toujours la même chose avec les filles, faut toujours s’arrêter pour qu’elles aillent pisser), mais sans résultat probant. Je passerai sous silence le fait que certains voulaient même nous faire payer, ce que j’attribuerai non pas a notre manque de charme, mais a la présence des deux garçons. Ceux qui auraient d’autres hypothèses sont priés de les garder pour eux.

Heureusement pour nous, tous les flambeurs ne sont pas flottants, et nombre de balcons étaient eux aussi dotés de sonorisation, sans compter les nombreux bars a terrasse diffusant des décibels tous azimuts. Nous avons donc quand même pu danser tout l’après-midi.

Vous avez remarqué que je parle de l’après-midi : et pour cause. Vers 20h, affamés a force de nous trémousser, nous sommes rentres dans un restaurant argentin qui ne payait pas de mine, mais disposait d’une viande excellente a un prix raisonnable d’une part ; et, d’autre part, d’une exceptionnelle et kitchissime collection de reproductions de scènes religieuses, notamment d’un tableau dont on pourrait a première vue croire qu’il représente un portrait du Christ, jusqu'à ce qu’on se déplace de quelques pas, et qu’on se rende compte que le Christ se transforme en Marie vu sous cet autre angle. Ca m’a fait penser a la Tia Trini (ndlr : ma grand-tante espagnole bigotte). Bref. En ressortant du restaurant une petite heure et demi et deux bouteilles de vin plus tard, nous nous rendons compte que tout le monde remballe ses stands, que la musique s’est arrêtée et que les gens rentrent chez eux. Pas de soirée en vue, nous pestons copieusement contre ces feignasses de hollandais qui ferment les magasins a 16h, les restos a 21h30 et les soirées a 22h.

Ce n’est que le lendemain que nous apprendrons qu’un attentat a écourté les festivités. Mais bon, on a pris des sympathiques couleurs (surtout July Jane dont le nez brille maintenant dans le noir), et quand même, la Fête de la Reine, c’était chouette.

mercredi 15 avril 2009

Le chômage en France


Ma petite sœur Margaux (celle qui a un vélo prénommé Piotr) a fini ses études de commerce l’an dernier, et depuis septembre, elle est en vacances forcées (elle cherche du travail dans la logistique, je précise, des fois que).

Les meilleures choses ayant une fin - et c’est parfois la fin qui est la meilleure, comme avec les cônes Extrême ou les discours de ma maman sur les plantes épiphytes « avec leurs racines aériennes qui absorbent les nutriments qui sont dans l’air et la pluie et sur l’écorce des arbres qui les accueillent, mais attention, ce ne sont pas des parasites, non non ce sont des organismes autotrophes photosynthétiques» et gna gna gna - ma sœurette est allée voir du cote de l’ANPE si on aurait pas un coup de main a lui filer.

Chacun sait justement qu’ANPE signifie Association Nationales des Poooovres Etudiants qui trouvent pas de travail après la fin de leurs études (ca aurait du être « ANPETPTAFLE » mais bien sur personne s’en serait souvenu, alors, a l’administration ils ont fait court et simple (une fois n’est pas coutume), and here we go with ANPE). Pleins de sollicitude envers cette jolie jeune femme dynamique (elle a de qui tenir) pile dans leur cible, ils lui ont donc proposé un premier rendez-vous 6 mois après leur premier contact. Comme dirait Margaux, « paye ta masse de chômeurs, même la gynéco demande moins de temps que ca » : mais bon, il parait qu’elle n’est pas la seule a chercher ces temps-ci.

A cette occasion, ils ont épluché son CV et sa lettre de motivation (ce que sa mère et probablement toutes ses sœurs aussi avaient déjà fait avant eux), et lui ont confirmé que « oui oui, son CV était bien, ah et ses lettres de motivation aussi, mais que quand même elle pouvait venir à encore un autre rendez vous pour apprendre encore un p'tit coup a faire tout ca en compagnie de plein d'autres chômeurs, pour la modique somme de 440€, que l'ANPE lui offrait » (citation authentique de l’intéressée).

C’est quand même marrant, le coup de re-refaire son CV pour se faire embaucher. Ca signifie que, selon cette logique, étant donne qu’il y a en France 2,38 millions d’inscrits a l’ANPE, * note : as of March 2009, * source : lemonde.fr (ah, BCG quand tu nous tiens), il y a également 2,38 millions de postes a pourvoir pour lesquels les employeurs s’arrachent les cheveux et se griffent le visage de désespoir en se disant « oh nooon, je ne reçois que des CV nuls, s’il vous plait mon Dieu des chomdus, faites qu’on m’envoie des beaux CV avec une belle présentation et la bonne taille de police, que je puisse enfin embaucher la personne qui me manque ».

Une fois que ces 2,38 millions de personnes auront refait leur CV et rédigé de magnifiques lettres de motivation de toute beauté (ce qui aura donc coûté a l’Etat quelque 1,0472 milliards d’Euros), le chômage en France sera une problématique obsolète, et tout ira mieux.

C’est rassurant de voir qu’on a des réponses globales face a l’ampleur des problèmes économiques. Et non, pourtant je suis pas de gauche.

lundi 6 avril 2009

Le cout de la vie : round 1


Pour habiter aux Pays-Bas, il faut un vélo. Mais ca, si vous connaissez ma soeur Margaux et son fidele Piotr, vous le saviez déjà. En revanche, ce que mon adorable petite sœurette ne nous avait pas appris, jeune étudiante chanceuse qu’elle était (ce qui lui a permis d’acheter son compagnon a roues pour 20 euros), c’est qu’un vélo, aux Pays-Bas, ca coute en moyenne le prix de, disons, un bon PC portable (et je sais de quoi je parle, j’en ai acheté un ce WE ; mais ceci est une autre histoire).

Du coup quand, la bouche en cœur et ignorant tout de cette spécificité, je rentre dans une boutique de vélos en demandant un vélo autour de 200 euros, le vendeur commence par me regarder de haut en bas avec un tête qui semble vouloir dire « d’où elle me sort, cette mendiante » (pour filer la métaphore imaginez demander au vendeur de Darty un chouette ordi portable a 200 euros). Ensuite de quoi, affichant son sourire le plus condescendant, il m’en présente un, pile dans mon budget avec ses 189 euros. Il est joli, il est rose fuchsia (si si, pour moi c’est un plus, et ca le serait aussi pour vous si vous habitiez dans un pays ou les parkings a vélo font des kilomètres de long et sont peuplés de vélos noirs et gris), mais vu la tête de fouine du vendeur, je me dis que je vais creuser un peu.

Je m’enquière donc de ce qui justifie la différence de prix entre celui-ci et cet autre, apparemment tout semblable, mais qui coute 300 euros de plus. Tout mielleux, le vendeur m’explique que certes, avec celui-ci je peux faire une économie, mais que je risque de le regretter lorsque l’économie que le fabricant n’a pas du manquer de réaliser, lui, sur la peinture, donnera naissance a des traces de rouille sur ma jolie peinture rose. Que, de plus, ses poignées ne sont pas des plus ergonomiques (et en effet, a y regarder de plus près, elles semblent plus appropriées comme poignées de corde a sauter que comme poignées de guidon). Que, par ailleurs, ce velo ne freine que par rétropédalage (pas de freins). Que, de surcroit, il n’a pas de vitesses. Et que (et il me rajoute ca comme on poserait une cerise a l’arsenic sur le dessus d’un gâteau au white spirit), ce n’est même pas une marque hollandaise (crime de lèse-majesté qui semble bien plus grave que tous les défauts énoncés auparavant).

Si la dernière fois que vous êtes monté(e) sur une bicyclette date un peu et que vous êtes plus familier avec votre ordinateur, imaginez que votre vendeur « le contrat de confiance » vienne de vous annoncer que, bien entendu vous pouvez avoir un portable pour ce prix-là ; qu’il faudra en revanche que vous soyez disposé a taper sur les touches a l’aide d’une aiguille, car le clavier fait la taille de celui de votre téléphone. Qu’il dispose de 50 octets de mémoire vive, donc préparez-vous a faire les calculs a la main. Et qu’enfin, il y a un risque pour que l’écran se détache et tombe au bout de 12 mois et un jour (soit quand la garantie constructeur aura expiré).

Un peu étonnée, donc, par ce premier contact, je réponds que je vais y réfléchir, m’intéresse aux autres velos, et finis par en conclure que si l’achat d’un deux-roues doit être le deuxième investissement le plus important de toute ma vie après mon appart a St Ouen, je ferais bien en effet d’y réfléchir.

Je place tous mes espoirs dans le deuxième magasin que je visite, un Intersport. Apres tout, c’est une chaine, ils doivent pouvoir faire des prix plus sympas que ça, non ? Espoirs qui ne vont pas tarder a être déçus, puisque leur entrée de gamme est a 400 euros. Et c’est pareil dans tous les magasins que nous visitons (ils sont nombreux, a Eindhoven).

Je commence a me dire que finalement, je vais peut-être apprendre a freiner en pédalant en arrière, que les poignées de corde a sauter, ca me rappellera la cour de récré, que je vais me passer de vitesses ( la Hollande, c’est pas réputé pour ses montagnes, après tout), et que je vais prendre la version orange du velo fuchsia, histoire de faire ton sur ton avec la rouille qui, selon le vendeur, ne tardera pas a se manifester. Quand même, ca m’ennuie un peu, notamment parce qu’un vendeur qui dévalorise sa propre marchandise, je ne trouve pas ca très marketing, et que le marketing, c’est important quand même.

Et puis finalement, Alex et moi allons acheter des bulbes et une perceuse a Praxis. A priori, rien a voir avec les cycles : Praxis est leur équivalent a la foi de Leroy Merlin et de Truffaut : du matériel électrique en pagaille, des clous, des trucs métalliques improbables pour faire tenir des étagères, un rayon animalerie, des pots en terre en veux-tu-n’en-voila ; bref, le lieu parfait pour réconcilier papa et maman, qui pourront s’abîmer dans la contemplation des étiquettes, d’une part des ponceuses a bande, et d’autre part des Hydrangea Paniculata (et autres latineries botaniques).

Et la, pour 199 euros, le hasard comme par hasard, nous tombons sur un vélo muni de freins, d’un guidon digne de ce nom, et même de vitesses (miracle). Le cadre est même garanti 10 ans (mais je ne sais pas si ça inclut la rouille de la peinture). Je me dépêche donc de l’acheter (des fois que ce soit une erreur sur l’étiquette, ou qu’ils changent d’avis, sait-on jamais). Le seul truc, c’est que je ne suis pas bien sure que ce soit une marque du cru. Mais bon, pour ce prix-là, je veux bien faire des infidélités a la Reine. J’m’excuse, mais merde.
Conclusion du round 1 : acheter un velo en France, c'est quand meme plus avantageux. Donc France 1 ; Nollande 0.

dimanche 29 mars 2009

Installée...


Après plusieurs semaines de news éparses, après des mois à saoûler tout le monde sur mon prochain départ, après 1 blog, 1 déménagement, 2 allers-retours à Eindhoven, 37 cartons, me voilà à Eindhoven, pour de la vraie.

Et ça y est, après 3 jours de déballage de cartons, de déplacement des fauteuils, d'accrochage, de décrochage et de ré-accrochage des miroirs, tableaux et autres encadrés de lapins crétins (merci Margaux), Alex et moi avons fini (ou presque) de nous installer ici à Eindhoven (on passera magnanimement sur les cartons de bazar divers qui sont arrivés tels quels ici et repartiront probablement de même, intouchés, lorsque nous déménagerons de nouveau vers de nouvelles aventures). Notre petite maison est toute choupinette-miam-miam, et on a plein de place pour des invités : en plus de notre lit, et outre les 2 lits simple dans la chambre d'amis, on a un matelas 2 places, un matelas 1 place, et un lit bébé (que la propriétaire nous a laissé, pensant sûrement que ça nous donnerait des idées intéressantes)

Alex et moi commençons déjà à nous familiariser (lentement) avec la langue néerlandaise, notamment en lisant les sous-titres des programmes en anglais, et en tentant d'interpréter les mots que nous lisons dans la rue. Par exemple, "geen reklame" sur les boîtes aux lettres nous a paru signifier "mort aux annonceurs qui pourissent nos boîtes aux lettres" ; et "gesloten", que nous avons pu lire à de (trop) nombreuses reprises dans les devantures de magasins, aujourd'hui jour du seigneur, nous apparaît comme indiquant que, non contents d'être des feignasses qui ferment les magasins en semaine à une heure à laquelle même les postiers français travaillent encore (c'est dire), les Néerlandais ne daignent même pas ouvrir ne serait-ce qu'une pauvre boulangerie le dimanche matin. Même Ikea est fermé le dimanche. Alex et moi nous attendions pratiquement, lors de notre promenade ce matin, à voir des balles de paille et de poussière rouler au travers des rues désertées, et des chiens errants trottiner anxieusement à la recherche d'un coin d'ombre (ou plutôt d'un abris contre la pluie, on est en Hollande tout de même).

En parlant du temps, ici c'est un peu comme la Normandie : il fait beau plusieurs fois par jour. Ce matin, il pleuvait ; vers 10h30 quand nous sommes allés nous promener, le ciel s'est miséricordieussement arrêté de crachoter pour laisser la place à un grand beau temps. A peine étions nous rentrés que nous avons eu droit à une belle averse, et ainsi de suite toute la journée. A mon avis, pour aller au boulot en vélo, il faut être prêt une bonne heure et demi avant, et guetter les éclaircies. Ceci dit, c'est une bonne nouvelle pour les quelques rares plantes qui me restent encore. Je les ai d'office toutes mises dehors, pour qu'elles se requinquent un peu. Et, pleine d'optimisme, j'en ai même acheté d'autres, qui vont aller dans le parterre devant la maison.

Next step : boulot cremdi 1er avril. Et ça, ça va pas être de la blague.

mardi 17 mars 2009

On a une maison !


Et voilà ! On a trouvé une maison à Eindhoven !

J’ai passé la première semaine du mois a Eindhoven, histoire de préparer mon arrivée. Le but était de trouver un appartement, certes, mais aussi d’ouvrir un compte en banque et d’obtenir mon “sofinummer” ou “BSN nummer” (de ce que j’en ai compris, c’est l’équivalent d’une carte de résident et d’un numéro de sécurité sociale ; mais je ne suis pas très familière avec tout ca). Ainsi que de découvrir la ville. Bref, savoir si la vie ici va être facile et sympa (ou pas) au travers de tout un tas de petits trucs.

Premier constat : l’immobilier est bien moins cher ici qu’a Paris. Certes, on s’en serait douté ; mais ca fait plaisir quand même. Pour 900€ j’ai une petite maison en brique toute choupinette avec deux chambres, une buanderie et une salle de bain a l’étage ; le salon, la cuisine, un débarras et un toilette au RDC. Et il y a également un jardin (avec un cabanon) derrière la maison, ainsi qu’un petit jardin ouvert sur la rue a l’avant. Le tout a deux pas d’un grand parc, et proche de tous les commerces qu’il faut (sauf d’une boulangerie, mais il faut dire que ca ne semble pas exister ici). En plus elle est meublée en grande partie, ce qui m’évitera de devoir acheter un lit pour la chambre supplémentaire, des armoires, etc. La photo en tête du post montre la partie salle a manger du salon.

Deuxième constat : question tâches administratives et autres, aux Pays-Bas ils font pas suer le monde. Je vous fais le discours (a la mairie) :
« - Bonjour madame, je vais habiter a Eindhoven, j’ai besoin d’un sofienummer
- Certainement, vous avez un contrat de travail et une pièce d’identité ? J’aurai également besoin de votre adresse ici.
- Bien sur, voici. (j’ai un papier de l’agence immobilière depuis le matin même)
- Et vous comptez rester longtemps ?
- Oh je ne sais pas trop, jusqu'à ce qu’on me vire ?
- Très bien, dans ce cas, j’aurai besoin de votre extrait d’acte de naissance
- Ah flute, je n’ai pas ca sur moi
- Ca ne fait rien, pensez a me le ramener a la prochaine occasion. Voici vos papiers »
Ceci toujours en anglais ; je vous mets au défit de trouver une employée de mairie qui parle anglais en France. Bref, je sens qu’ici ils vont pas me compliquer la vie avec des papiers a remplir.

Troisième constat : Eindhoven porte très mal son nom. Cette ville devrait s’appeler Philipscity. Il est absolument impossible de s’asseoir dans un café ou de marcher dans la rue sans entendre parler de Philips, de ses produits, de son marketing, etc. Tout le monde semble être employé, directement ou non, par Philips. Il y a le Philips Stadion dans lequel joue le Philips Sport Vereniging (le PSV Eindhoven). Les télés des hôtels sont de marque Philips, ainsi que l’éclairage des rues, bien sur. Il y a la première usine Philips qui est a présent le musée Philips.

Certes, ca fait un peu Big Brother, vu comme ca, mais ca présente pas mal d’avantages en fait. Déjà, Philips doit subventionner a peu de choses près l’intégralité des équipements de la ville, et Eindhoven semble en profiter largement. Le centre-ville, en briques rouges, est très bien entretenu, et la manne financière que représente l’entreprise se manifeste dans la diversité des magasins de fringues, de chaussures, de bijoux, de hifi, ainsi que dans la multitude de restos et bars. Et par ailleurs, quel que soit le sport que vous souhaitez faire, il y aura le club et la salle correspondants.

Bref, je pense que je vais me plaire ici ! Next step : j'emmenage...

mardi 27 janvier 2009

J'enfile des perles


18:00, Paris, le 26 janvier 2009 : c'est quoi, votre bonne résolution pour la nouvelle année ?

Moi, ma bonne résolution, c'est de prendre du temps pour les travaux manuels. Il paraît qu'aux Pays-Bas, ils sont plus respectueux de l'équilibre entre vie pro / vie privée, donc je devrais pouvoir m'arranger mieux qu'au BCG. Donc j'ai décidé de "faire des perles" ; à savoir, je vais recommencer à faire des colliers, des bracelets, des boucles d'oreille, enfin des trucs de fille, quoi ! Pour ceux qui ne savaient pas, j'en ai fait beaucoup étant étudiante, que je mettais en vente sur un site Internet (http://almapreciosa.free.fr/) ; mais ces dernières années, j'ai eu d'autres choses en tête, et j'ai décidé que ça me manque.

Evidemment, je ne vais pas juste enfiler des petites rocailles les unes après les autres en alternant les roses et les dorées, comme je faisais quand j'étais petite : ça n'est plus très marrant (à part pour ma petite voisine qui me demande de lui sortir les perles roses et les dorées chaque fois qu'elle vient à la maison, soit chaque fois que j'ai oublié de fermer ma porte au moment où elle passe sur le pallier). Je ne vais pas non plus faire des bagues en cristal Swarovski comme celles que toutes les femmes au foyer (ou pas au foyer d'ailleurs, n'est-ce pas maman) se sont mis en tête de produire en masse, notamment pour les marchés de noël.

Non non non, je veux faire des trucs nouveaux, originaux, avec des nouvelles matières, et des nouvelles techniques : c'est ça qui est fun ! Et vu que, comme toute prétendante à un titre (officiel ou non) de Princesse, j'adore les matières qui brillent, les textures qui chatoient, enfin tout ce qui coûte cher, j'ai donc décidé de travailler de préférence à base d'argent, d'or et de pierres précieuses. Le hasard comme par hasard.

Ca tombe bien, cette année je trouve que les créateurs ne se sont pas foulés pour faire de jolies chaussures. L'esentiel de mon bonus de fin d'année est donc sain et sauf, ayant bien résisté aux soldes. C'est donc parti pour du shopping Internet: Ebay et Etsy, me voilà ! (http://www.ebay.fr/ ; http://www.etsy.com/). Hop, un peu d'améthyste, un peu de citrine, trois topazes, quelques mètres de fil d'argent, des fermoirs, des anneaux, des "charms" en tout genre... Le compte paypal de mon frère est dûement mis à contribution (pas de chance, ma banque à moi n'accepte pas Paypal) ; à peine le temps de régler ses quelques centaines d'Euros de découvert via un petit transfert d'argent, que déjà mes premiers colis en provenance des USA, d'Hong Kong, d'Inde et de Thaïlande sont dans ma boîte.

A ce moment là, bien sûr, je me rends compte que j'ai oublié d'acheter des boîtes pour ranger tout ça, et également que quelques outils seraient bien utiles, sauf à avoir un gros budget pour réparer mes petites quenottes qui pourraient mal s'accomoder de la découpe de fil d'argent "à la barbare". Re-belotte pour le shopping de "round nose plier", "compartment bead box" et autres "min steel anvil" (ebay a fait plus pour mon vocablaire d'Anglais que tous mes clients et chefs de projet réunis).

Fin janvier, j'en sais plus que jamais sur les couleurs de la rhodochrosite, de la Mexico Lace agate ou de la Rainforest jasper. Je sais aussi ou se trouve Chanthaburi en Inde, où on extrait les plus belles émeraudes dans le monde, combien en millimètres représente une citrine de 15.61 carats taillée en forme de "teardrop", combien mesure un "inch" ou trois "feet". Forte de toute cette magnifique et nouvellement acquise culture générale, je me sens d'attaque pour commencer un vrai beau travail d'artiste et créer des bijoux magnifiques, sensationnels, mirifiques, d’une originalité troublante bref, du vrai beau grand jamais vu qui fait briller les yeux (rien que ça).

Ca (re-) tombe bien (on dirait que les événements se liguent pour m'encourager à reprendre ma production de colliers), c'est l'anniversaire de ma grand-mère dans quelques jours. Or, chacun sait que les grands-mères, comme les mères (voire en pire), adôôôôôôôrent que leurs petits-enfants leur fassent des belles choses de leurs petites mimines potelées ; enfin, je suppose que si la mienne arrivait à s'extasier de mes empreintes de mains dans de la glaise quand j'étais à la maternelle, sûrement elle sera contente d'un collier avec des améthystes et des citrines (ou alors vraiment les grands-mères ne sont pas comme les autres femmes). J'opte donc pour un collier pour ma mamie chérie.

Donc lundi dernier, c'est parti. Pendant 5 heures je tortille du fil d'argent avec des pinces, je monte des briolettes mauves et jaunes avec des petites perles en argent, je façonne, je tournicote, je tortillonne, bref, je m'escrime avec mes paires de pinces pour faire quelque chose de joli. A la fin de ma soirée, je regarde mon résultat d'un oeil pas complètement exempt de fierté (mais chacun sait que la modestie n'a jamais été mon fort) : j'ai devant les yeux un charmant entrelacs de fil d'argent, de pierres jaunes pâles et mauve léger en forme de goutte d'eau. C'est définitivement plus joli que ma main dans de la glaise ; Mamie va être ravie (j'espère).

Dimanche midi, c'est l'anniversaire en question. Au dessert on offre les cadeaux. Je présente le mien, fière comme si j'avais un bar-tabac. Il suscite des "aah, très joli" et "ooh, pas mal du tout". Je suis un peu déçue que personne ne s’extasie sur mes telants d’artiste ou sur ma minutie, mais bon, on trouve le bijou joli, c’est toujours ça.

Après le dîner, je papote avec mes sœurs. Je leur demande si elles ont aimé le collier (après tout, si on ne me fait pas de compliments, je peux bien aller les pêcher moi-même). Réponse : « oui beaucoup, tu l’as payé cher ? Tu l’as acheté où ? ». Elles ont cru que je l’avais acheté dans un magasin. Au temps pour « l’originalité troublante » et le « vrai beau grand jamais vu ». M’enfin ! Je prends ça pour un compliment.

mardi 6 janvier 2009

J'ai mon contrat


15 :12, Paris, le 6 janvier. Le retour à la vie active, c’est dur

1 semaine de vacances, c’est bien. 2 semaines, c’est mieux. Le premier lundi de janvier, c’est dur. Et voilà, c’est fini la belle vie, les couchers tôt le matin, les réveils tôt l’après-midi, les heures à regarder les vitrines du Printemps, la moyenne à 500 pages de roman lues / jour, les siestes avec le chat à ronronner de concert, les bains de 2 heures avec mon chéri à s’arroser de bon cœur.

A la place je retrouve mon bureau chez le client, les yeux qui veulent pas s’ouvrir le matin, les aiguilles qui veulent pas tourner plus vite pendant la journée, le métro qui veut pas avancer le soir ; les emails qui commencent par « can we hold a meeting tomorrow morning before 9 :00… », les coups de fil qui commencent par « tu es où ? Tu peux passer dans mon bureau ? », et surtout, les heures à s’ennuyer devant l’ordi en attendant qu’on m’envoie « ce truc là, tu sais ? J’aurais besoin d’un coup de main dessus, tu es dispo ? Tu l’as dans 5 minutes, demi-heure max ».

Voyons le bon côté des choses (qui est certes peu évident là tout de suite, mais néanmoins latent).
1. Demain c’est les soldes. Même si je ne peux pas sortir, j’ai toujours mon ordi pour faire les boutiques virtuelles.
2. Fin mars, c’est ter-mi-né !

Eh oui, j’ai enfin reçu mon contrat ! Il a enfin atterri dans ma boîte aux lettres après trois semaines de tribulation postales entre la Nhollande et la France, rédigé tout bien comme il faut, avec marqué en gras « strategy manager » (dès que je les ai reçues, c’est open cartes de visite tellement qu’il est beau mon titre, tellement que c’est le meilleur, tellement que je me la pète, tellement que je l’aime). J’ai aussi le joli formulaire (pré-rempli s’il vous plaît, merci les RH chez Philips) qui va me permettre de bénéficier du statut de non-résident (et hop, 30% de mon revenu n’est plus imposable). Et même, petit miracle en soi, le « employment agreement » en Anglais, celui dont tous les employés doivent prendre connaissance, et qui m’avait déjà auparavant été envoyé à deux reprises… en Nhollandais.

Je peux enfin l’affirmer pour de vrai de vrai : le mercredi 1er avril, je change de job et je vais faire de la stratégie chez Philips. On est à J-85 avant le changement, et ça c’est excitant. J’ai pas idée de la moitié des démarches qu’il faut effectuer pour changer de pays, mais je vais m’y mettre sérieusement. Est-ce qu’il faut écrire une lettre à quelqu’un de l’Etat (le président, le ministère de l’émigration, la garde des Sceaux… Ah non, pas elle, elle est en congé maternité) pour signaler qu’on va s’en aller, que c’est tant pis pour eux, et que c’est plus la peine de nous envoyer des déclarations de revenu à remplir ?

Ce qu’il y a de bon dans ce déménagement, c’est que Philips me paie le déménagement, l’hôtel pendant la période où je serais sans logement, la « relocation agency » qui doit me trouver un appart, et même une prime substantielle de « relocation », probablement au cas où les déménageurs casseraient ma télé (auquel cas je pourrais la remplacer par une salle de projection avec des fauteuils en velours, vu le montant de la prime).

Mais en vrai, ce qu’il y a d’encore meilleur (ne perdons pas de vue les vraies choses authentiques de la vie), c’est que mon amoureux vient avec moi. Eh oui, comme mon cher et tendre va monter une entreprise pour laquelle il doit programmer un logiciel, et qu’il peut bien le programmer de n’importe où, après tout, eh bien il va le programmer depuis les Pays-Bas ! Voilà de quoi faire taire tous les fâcheux qui se moquent de mon habitude de ne sortir qu’avec des geeks. Bon, je ne sais pas si c’est plus mon attrait ou celui des coffee shops qui le fait m’accompagner, mais je suis très soulagée de savoir qu’il va être avec moi dans cette aventure (ce qui devrait m’éviter de finir, comme certains amis qui se reconnaîtront, seule, déprimée et célibataire sous prétexte de se construire un superbe CV).

Voilà, au prochain épisode, Camille va au consulat, Camille met son appart en location ou bien Camille cherche une entreprise de déménagement. Pour l’heure le devoir m’appelle : c’est l’heure du café.
P.S. Mon coeur si tu me lis, je rigole bien sûr : tu viens uniquement pour moi. N'est-ce pas ?
P.S.2 Mystérieux ami qui t'es reconnu, ça va, boude pas, c'est une blague ! Visiblement la nouvelle année a eu quelques effets secondaires favorables à ta vie sociale.