mardi 16 décembre 2008

Un noël ça se prépare



12:16, Paris, le 16 décembre : je mets la touche finale à mes cadeaux.

Eh oui, un noël ça ne s'improvise pas. Surtout pas quand on a 5 frères et soeurs, dont un qui, fort innocemment, m'a appelé il y a 2 jours pour m'annoncer qu'il était 2ème de sa classe avec un bon 15 de moyenne. Sale mioche intéressé. En plus c'est mon filleul. Je lui ai quand même fait remarquer que 2ème, c'est moins bien que 1er, histoire qu'il ne s'attende pas à avoir une navette spatiale pour noël. Vlan.

En plus de tous ces adorables petits intéressés qui ne manquent pas une occasion de me faire remarquer que je suis la plus vieille et la plus riche, donc que je suis fournisseur priviliégié de cadeaux dispendieux, et qui par ailleurs ont tous eu l'idée brillante d'avoir tous leur anniversaire entre le 2 décembre et le 2 février, histoire de profiter bien à fond de l'arrivée de mon bonus de fin d'année, j'ai aussi 2 soeurs adoptives, un copain, des parents, des grands-parents, pléthores de cousins, cousines, tantes et onceles, et 3 petits voisins de 4 à 7 ans.

C'est pourquoi cette année j'ai décidé de m'organiser sérieusement pour les cadeaux de noël. Comme tous mes weekends sont occupés depuis environ mi-octobre (je suis une star), j'ai donc massivement fait confiance à Internet. Internet c'est quand même des milliers de magasins à portée de clic. Déco, fringues, sacs, montres, jouets et autres gadgets hi-tech sont livrables à domicile dans un délai plus ou moins serré (passons sous silence les aléas de livraison). Et à prix imbattable.

Je vous donne en exclu le hit de la fin de l'année ; que les retardataires se dépêchent !

- Amazon.com, pour les livres livrés gratuitement et rapidement. J'en ai profité (outre les cadeaux) pour refaire mon stock de livres de poche en Anglais, qui devraient m'assurer un trajet Paris-Béziers en voiture exempt d'ennui. Citons aussi le mini hélicoptère télécommandé qui fait un cadeau original pour tous (et pas seulement jusqu'à l'âge de 12 ans)
- ebay.com, pour les montres en importation directe - du producteur au consommateur sans la TVA, sans les marges indécentes des retailers français ; donc à un bon -50%, et neuves, avec boîte, carte de garantie et tout... Quand on choisit bien un vendeur et pas un receleur :-p
- rueducommerce.com, pour les derniers gadgets high-tech comme le Mir:ror de Violet, qui devrait passionner tous vos amis geeks
- lastminute.com, pour les activités en tout genre. Offrir une activité est la dernière parade à la question "mais-qu'est-ce-que-je-vais-bien-pouvoir-leur-offrir-ils-ont-déjà-tout" ? Et hop, la journée de spa pour les grands-parents. Dans le même genre, weekendesk.com et smartbox.com sont très bien
- cdiscount.com, pour le grand n'importe quoi, mais aussi et surtout pour les produits de marque avec des bons rabais. Bien pratique quand on a des frère adolescents qui ne mettraient un T-shirt Tex pour rien au monde. Voir aussi brandalley.com, un peu plus haut de gamme, mais avec aussi des bonnes affaires en textile et déco, comme ces verres à whisky en cristal gravés Kenzo
- Et enfin, mais malheureusement pas en dernière minute, tous les sites de vente privée (vente-privee.com, bazarchic.com, espace-max.com, showroomprive.com, etc.) proposent leur lot de bonnes affaires, mais alors mieux vaut s'y prendre bien à l'avance, leurs modèles logistiques étant calqués sur leur proposition de valeur : low cost.
Voila pour les tips de dernière minute. A part ça, j'attends que la poste me livre, non pas un cadeau, mais mon contrat chez Philips... A suivre...

mercredi 10 décembre 2008

Que serait Paris sans ses taxis ?



9:10, Paris, le 10 décembre : on ne devrait pas avoir à commencer une journée aussi tôt

Ce matin, réunion 8:30. Hier, mon client me demande (après une journée entière à m'ignorer) : "réunion à 8:30 demain, tu es libre ?". Je me suis retenue de répondre qu'en général à cette heure-ci, en effet je n'ai pas grand chose de prévu, surtout pas des réunions. A la place, je me suis contentée d'un sobre "oui, bien sûr, John" assorti de mon plus joli sourire. Grrrrr.

Pour ma défense, ce n'est pas tant que je déteste les réunions tôt le matin ; c'est plutôt que, quitte à s'ennuyer toute la journée, autant que la journée en question commence à 10:00 qu'à 8:30. Et la réponse est oui, je suis grognonne en ce moment. Mais essayez, aussi, de rester toute la journée assise à un bureau à avoir l'air sérieux quand vous vous ennuyez !

Donc ce matin, après avoir laborieusement ouvert un oeil vers 7:50 (c'est fou comme c'est difficile de se lever avant le soleil), je décide d'appeler un taxi pour ne pas rater la réunion. Taxi réservé à 7:52, délai annoncé de 7 minutes. Je me lave en 4 minutes top chrono (dents comprises), m'habille dans la foulée (3 minutes + 1 minute pour décoincer ma fermeture éclair). A ce stade, je suis déjà sensée descendre prendre mon taxi ; mais je dédie quand même 2 minutes au maquillage, 1 minute au coiffage et, finalement apitoyée par mon chat qui miaule à la porte de la salle de bain, je consacre une dernière minute à nourrir l'espèce de furie qui me sert d'animal de compagnie.

12 minutes plus tard donc, et sans trop d'états d'âme (après tout, les taxis sont toujours en retard, et je viens magnanimement de lui accorder 5 minutes de délai) je suis en bas. Et là, pas de taxi. Je poireaute donc dans le froid en me dandinant d'une jambe sur l'autre, et en tentant de me donner bonne contenance face aux passants matinaux. C'est une chose que les hommes ne comprendront sans doute jamais, cette petite gêne qu'on ressent quand, seule, de nuit, on fait le pied de grue sur un trottoir en regardant avec insistance toutes les voitures (en fait, seulement les taxis, mais qui le sait?) qui passent. Pour l'histoire, il m'est déjà arrivé plus d'une fois qu'une voiture ou un passant s'arrête, et là, on ne sait vraiment pas où se mettre.

5 minutes d'essais déséspérés pour avoir l'air d'être une authentique business woman plus tard, à grand renfort de lecture de mail sur le blackberry, lesquels mails "pros" sont de facto intitulés "offre du jour SuperBonPlan" et de coups d'oeil théatraux et excédés à une montre imaginaire qui est en réalité posée à côté de mon lit, mon taxi décide de se pointer. Ca fait déjà 17 minutes qu'il est sensé être là.

Aimable comme un mardi matin de décembre à 8:09, je monte dans le taxi et lui demande si c'est à cause du marché qu'il est en retard. L'idée, pas forcément transparente, certes, est que si il y a marché, il va falloir qu'on rejoigne le périph' par un autre chemin, autrement on est bons pour un grand quart d'heure coincés entre les cartons de robes pour mémé en forme de sacs et les cagettes de salade.

Là, mon taxi me répond qu'il n'est pas en retard, qu'il a juste eu "3 ou 4 minutes de délai", m'informe qu'à son humble avis ceci ne constitue pas un retard digne d'être mentionné, et que de toutes manières il n'est pas passé par l'avenue qui monte du périph', donc il ne sait absolument pas s'il y a marché. Sale type.

A ce moment là, je pense très fort à Thibaud et aux aventures qu'il a eues avec ses taxis thaïlandais (voir les messages de mai 08 de son blog), me dis que bon, ça c'est de la gnognotte (d'ailleurs j'ai connu des taxi français bien pires), et finis par me résigner à indiquer l'adresse, et "prenez la rue des Rosiers, qu'on évite la porte de St Ouen". Au moins mon chauffeur de taxi sait parfaitement de quelle rue je parle parmi les miliers d'obscures rues parisiennes et il ne se plante pas de chemin. J'arrive donc à temps pour la fameuse réunion.

Dans l'ensemble, on a beau se plaindre, le taxi français est compétent. Il est parfois trop bavard, grognon, ça m'est arrivé de tomber sur des racistes, il y en a qui se croient pilotes de course, d'autres qui veulent rien écouter du "si vous avez un itinéraire préféré, indiquez-le au chauffeur", il y a ceux qui vous draguent et ceux qui conduisent de telle façon que vous préféreriez presque finir le chemin à pied, même s'il pleut, qu'on est sur l'autoroute et qu'il fait 2°C ; mais ils ont au moins ça de bien qu'ils savent où sont toutes les rues de Paris et qu'ils peuvent vous y emmener par un chemin (raisonnablement) direct.

En fait, le pire qui puisse vous arriver dans un taxi à Paris, c'est de passer un moment éminemment folklorique. Parmi ces moments folkloriques où j'essayais de garder sérieux et sang-froid, citons :

- Le chauffeur breton qui voulait me montrer qu'il connaissait mieux le quartier dans lequel j'habite que moi, et qui, après le "prenez par la rue des Rosiers", plutôt que de rejoindre la porte de Clignancourt, et malgré mes demandes inquiètes, a voulu rejoindre le périph' par la porte située entre celle de Clignancourt et celle de St-Ouen. Parisiens et non-parisiens, à vos mappy. Si vous trouvez cette entrée sur le périph', je vous paye un whisky. Et on s'étonne que les bretons aient une réputation de têtes de mule.

- Le chauffeur qui, après m'avoir récupérée à mon boulot vers 23:00, m'a demandé si je travaillais toujours autant, puis (subtilement), si mon mari appréciait ça ("- je ne suis pas mariée - Aaaah..."), avant d'enchaîner sur "est-ce que au moins vous êtes bien payée" et "vous possédez votre appartement ?" (double "oui"), et qui a fini par en déduire que j'étais la femme idéale (puisque jeune, jolie, riche et chroniquement absente), et par me demander si je ne voulais pas le prendre comme gigolo. Bien sûr j'ai répondu non, bien qu'il ait eu l'air parfaitement à même de répondre à cette fonction (c'était un chauffeur de la catégorie "jeune et canon")

- Le chauffeur qui, quand il a su que je bossais dans la stratégie, m'a informée d'un air de confidence qu'il avait une stratégie très maligne pour résoudre la faim dans le monde, qu'il l'avait envoyée au Président de la république, mais que pour des raisons de confidentialité, il ne pouvait m'en parler ; qui, ayant fini par céder à mes supplications, m'a déclaré qu'il suffisait d'envoyer tout le pain dur non consommé en France et aux USA aux pays pauvres ; et qui a eu l'air déçu mais néanmoins dubitatif quand je lui ai déclaré que les problèmes logistiques et sanitaires pouvaient malheureusement empêcher cette brillante idée d'être mise à exécution, mais qu'il ne devrait cependant pas hésiter à donner quelques kilos de farine lors de la prochaine collecte en faveur d'une intervention humanitaire, et que les gens pourraient alors produire leur propre pain dur (ou pas). Chauffeur, si vous me lisez, ne m'en veuillez pas d'avoir divulgué votre idée, je suis sûre qu'elle a déjà trouvé un écho mérité auprès du Président de la République, et que ce n'est donc plus un secret.

Bref, les aventures en taxi ne manquent pas, et ma vie au pays du vélo manquera certainement de saveur en comparaison.

D'ailleurs, ce départ en pays Nhollandais, il faut que je le prépare. En vrac :
- Ecrire ma lettre de démission à mon job actuel
- Louer mon appartement
- Me renseigner sur les formalités administratives à effectuer en France
- Trouver un appartement là-bas
- Etc...

Nhollande, me voilà !

mardi 9 décembre 2008

Quand tout a commencé



17:10, Paris, le 9 décembre : il neige, il fait froid, je m'ennuie.

Un 9 décembre, il est bien normal qu'il fasse froid. La neige (enfin, l'espèce de neige fondue), est également une conséquence bien habituelle de l'équation décembre + froid. D'ailleurs, ni l'une ni l'autre n'est vraiment gênante ; ça a même un côté amusant que de savoir que demain matin, tout sera très certainement paralysé. Le froid aura fait geler la neige sur les routes, les rendant impraticables aux urbains inexpérimentés. Avec un peu de chance, le froid aura déposé du givre sur les fils au nom impossible à retenir transportant l'énergie pour les RER, et ceux-ci seront également bloqués. Ou alors c'est la neige qui se sera chargée d'enneiger les voies, lesquelles bien entendu n'auront pas été salées préalablement, comme on aurait pourtant pu s'y attendre.

Bref, Paris démontrera comme chaque année sa mémoire de poisson rouge qui oublie d'un an sur l'autre qu'en hiver, il fait froid et il fait gelé. Tout sera adorablement désorganisé, ce que personnellement j'adore, puisque cet intermède annuel nous rappelle que nous autres modernes petits habitants des villes ne sommes pas à l'abri des éléments, et que nous devons payer notre tribu à la nature, comme tout le monde. Et, outre cet élan païen de ferveur face au démonstrations d'autorité de notre Mère Nature, j'ai aussi le secret espoir de m'en servir comme d'une bonne excuse pour arriver en retard au bureau.

Certes, je ne prends ni la route ni le RER, mais le métro, lequel n'a pas de raison d'être paralysé. Mais comme je prends la ligne 13, je trouverai toujours une excuse circonstanciée. Pour les non-adeptes de la RATP, la ligne 13 a toujours un problème, et sa seule évocation en réponse à la question "ah, et comment tu viens au bureau le matin ?" suffit en général à vous valoir des regards compatissants et à justifier tous les retards matinaux, même en temps normal (à titre d'illustration, ce matin, un train s'est arrêté entre 2 stations, et les usagers ont du évacuer les rames à pied ; ils avaient bien sûr par mesure de sécurité arrêté la circulation du courant, arrêtant l'intégralité de la ligne). Alors, en temps de froid et de neige, tout peut arriver.

Non, en fait, la neige, le froid, tout ça participe à établir l'esprit de noël, celui qui fait qu'on se précipite pour ouvrir la porte de chez soi et se jeter dans le canapé et s'enterrer sous les couvertures, ou qu'on pousse la porte d'un bar pour commander un vin chaud, et pas une bière comme d'habitude ; et ça me plaît. En revanche, ce qui ne va pas, c'est que je m'ennuie.

Oui, je sais, tout le monde s'ennuie parfois. Mais nous sommes en pleine semaine, et je fais un de ces jobs qui suppose d'être tout le temps sur le qui-vive, répondant à de nouveaux défis, fourmillant d'idée et débordant de concepts à mettre en application tels que "créer le whaou effect", "ajouter de la valeur", "penser out of the box", etc. Et mon client paye 50,000€ par an pour que je mette ces beaux concepts en pratique chez lui et lui permette d'avoir de nouvelles idées "breakthrough", de faire du "cost-cutting", de "repenser son business model" et autres "décrocher les rewards de l'innovation" (comment ça c'est pas français ?!). Et au lieu de me donner des tas de choses à faire pour que ces milliers d'Euros soient judicieusement employés à faire éclore des idées rentables à mon cerveau, eh bien... Rien. Il ne fait rien. Ou plutôt, il évoque des choses dont il va me parler plus tard dans la journée. Mais, à maintenant 17:53, plus tard dans la journée c'est naaaaow. Et rien.

Et c'était à peu près la même chose la semaine dernière, et celle d'avant. Oh, je ne dis pas qu'il ne me donne jamais rien à faire, non. De temps à autre, les "faut que je te parle d'un truc sur lequel je voudrais que tu travailles" se transforment réellement en truc sur lequel il faut que je travaille. En général, c'est une comparaison des postes de coûts entre différentes "business units" ou bien la rédaction d'une notice d'utilisation pour un fichier Excel de réduction de l'activité des usines. Enfin, rien de génialement intéressant, ni qui constitue un véritable défi pour mes neurones en cours d'atrophie.

Ca durait depuis un petit moment quand j'ai fini, il y a quelques mois, par me dire que j'avais fait le tour de mon boulot. Ca n'a heureusement pas toujours ressemblé à ça, et j'ai eu des missions passionnantes ; mais là je sentais la lassitude me gagner, j'avais appris ce qu'il y avait à apprendre au sujet du conseil en stratégie, et il me fallait autre chose. Autre chose, c'est à dire plus d'opérationnel dans mon boulot de tous les jours, la possibilité de nouer des relations de long terme avec des collègues et des supérieurs qui apprendraient à me faire confiance, plus de latitude dans mes actions... Ce que je ne voulais pas abandonner en revanche, c'était le côté surplombant qu'on peut avoir quand on bosse à la direction de grands groupes, la possibilité d'être impliqué dans des problématiques de haut niveau, le challenge intellectuel.

J'en ai donc tiré la conclusion qu'il fallait que je bosse dans une "vraie" entreprise, sur des produits qui m'intéressent, et que la direction de la stratégie était probablement le type de département dans lequel je pourrais commencer à faire mes preuves et m'impliquer plus avant dans l'implémentation des projets.

Et voilà comment, le 1er avril prochain, je serai officiellement une employée de Philips Luminaire, avec un poste de Strategy Manager au sein du département "Management and General Affairs". Et tout ça à... Eindhoven.

PS. Ah, et les fils du train s'appellent les cathénaires :)