mercredi 15 avril 2009

Le chômage en France


Ma petite sœur Margaux (celle qui a un vélo prénommé Piotr) a fini ses études de commerce l’an dernier, et depuis septembre, elle est en vacances forcées (elle cherche du travail dans la logistique, je précise, des fois que).

Les meilleures choses ayant une fin - et c’est parfois la fin qui est la meilleure, comme avec les cônes Extrême ou les discours de ma maman sur les plantes épiphytes « avec leurs racines aériennes qui absorbent les nutriments qui sont dans l’air et la pluie et sur l’écorce des arbres qui les accueillent, mais attention, ce ne sont pas des parasites, non non ce sont des organismes autotrophes photosynthétiques» et gna gna gna - ma sœurette est allée voir du cote de l’ANPE si on aurait pas un coup de main a lui filer.

Chacun sait justement qu’ANPE signifie Association Nationales des Poooovres Etudiants qui trouvent pas de travail après la fin de leurs études (ca aurait du être « ANPETPTAFLE » mais bien sur personne s’en serait souvenu, alors, a l’administration ils ont fait court et simple (une fois n’est pas coutume), and here we go with ANPE). Pleins de sollicitude envers cette jolie jeune femme dynamique (elle a de qui tenir) pile dans leur cible, ils lui ont donc proposé un premier rendez-vous 6 mois après leur premier contact. Comme dirait Margaux, « paye ta masse de chômeurs, même la gynéco demande moins de temps que ca » : mais bon, il parait qu’elle n’est pas la seule a chercher ces temps-ci.

A cette occasion, ils ont épluché son CV et sa lettre de motivation (ce que sa mère et probablement toutes ses sœurs aussi avaient déjà fait avant eux), et lui ont confirmé que « oui oui, son CV était bien, ah et ses lettres de motivation aussi, mais que quand même elle pouvait venir à encore un autre rendez vous pour apprendre encore un p'tit coup a faire tout ca en compagnie de plein d'autres chômeurs, pour la modique somme de 440€, que l'ANPE lui offrait » (citation authentique de l’intéressée).

C’est quand même marrant, le coup de re-refaire son CV pour se faire embaucher. Ca signifie que, selon cette logique, étant donne qu’il y a en France 2,38 millions d’inscrits a l’ANPE, * note : as of March 2009, * source : lemonde.fr (ah, BCG quand tu nous tiens), il y a également 2,38 millions de postes a pourvoir pour lesquels les employeurs s’arrachent les cheveux et se griffent le visage de désespoir en se disant « oh nooon, je ne reçois que des CV nuls, s’il vous plait mon Dieu des chomdus, faites qu’on m’envoie des beaux CV avec une belle présentation et la bonne taille de police, que je puisse enfin embaucher la personne qui me manque ».

Une fois que ces 2,38 millions de personnes auront refait leur CV et rédigé de magnifiques lettres de motivation de toute beauté (ce qui aura donc coûté a l’Etat quelque 1,0472 milliards d’Euros), le chômage en France sera une problématique obsolète, et tout ira mieux.

C’est rassurant de voir qu’on a des réponses globales face a l’ampleur des problèmes économiques. Et non, pourtant je suis pas de gauche.

lundi 6 avril 2009

Le cout de la vie : round 1


Pour habiter aux Pays-Bas, il faut un vélo. Mais ca, si vous connaissez ma soeur Margaux et son fidele Piotr, vous le saviez déjà. En revanche, ce que mon adorable petite sœurette ne nous avait pas appris, jeune étudiante chanceuse qu’elle était (ce qui lui a permis d’acheter son compagnon a roues pour 20 euros), c’est qu’un vélo, aux Pays-Bas, ca coute en moyenne le prix de, disons, un bon PC portable (et je sais de quoi je parle, j’en ai acheté un ce WE ; mais ceci est une autre histoire).

Du coup quand, la bouche en cœur et ignorant tout de cette spécificité, je rentre dans une boutique de vélos en demandant un vélo autour de 200 euros, le vendeur commence par me regarder de haut en bas avec un tête qui semble vouloir dire « d’où elle me sort, cette mendiante » (pour filer la métaphore imaginez demander au vendeur de Darty un chouette ordi portable a 200 euros). Ensuite de quoi, affichant son sourire le plus condescendant, il m’en présente un, pile dans mon budget avec ses 189 euros. Il est joli, il est rose fuchsia (si si, pour moi c’est un plus, et ca le serait aussi pour vous si vous habitiez dans un pays ou les parkings a vélo font des kilomètres de long et sont peuplés de vélos noirs et gris), mais vu la tête de fouine du vendeur, je me dis que je vais creuser un peu.

Je m’enquière donc de ce qui justifie la différence de prix entre celui-ci et cet autre, apparemment tout semblable, mais qui coute 300 euros de plus. Tout mielleux, le vendeur m’explique que certes, avec celui-ci je peux faire une économie, mais que je risque de le regretter lorsque l’économie que le fabricant n’a pas du manquer de réaliser, lui, sur la peinture, donnera naissance a des traces de rouille sur ma jolie peinture rose. Que, de plus, ses poignées ne sont pas des plus ergonomiques (et en effet, a y regarder de plus près, elles semblent plus appropriées comme poignées de corde a sauter que comme poignées de guidon). Que, par ailleurs, ce velo ne freine que par rétropédalage (pas de freins). Que, de surcroit, il n’a pas de vitesses. Et que (et il me rajoute ca comme on poserait une cerise a l’arsenic sur le dessus d’un gâteau au white spirit), ce n’est même pas une marque hollandaise (crime de lèse-majesté qui semble bien plus grave que tous les défauts énoncés auparavant).

Si la dernière fois que vous êtes monté(e) sur une bicyclette date un peu et que vous êtes plus familier avec votre ordinateur, imaginez que votre vendeur « le contrat de confiance » vienne de vous annoncer que, bien entendu vous pouvez avoir un portable pour ce prix-là ; qu’il faudra en revanche que vous soyez disposé a taper sur les touches a l’aide d’une aiguille, car le clavier fait la taille de celui de votre téléphone. Qu’il dispose de 50 octets de mémoire vive, donc préparez-vous a faire les calculs a la main. Et qu’enfin, il y a un risque pour que l’écran se détache et tombe au bout de 12 mois et un jour (soit quand la garantie constructeur aura expiré).

Un peu étonnée, donc, par ce premier contact, je réponds que je vais y réfléchir, m’intéresse aux autres velos, et finis par en conclure que si l’achat d’un deux-roues doit être le deuxième investissement le plus important de toute ma vie après mon appart a St Ouen, je ferais bien en effet d’y réfléchir.

Je place tous mes espoirs dans le deuxième magasin que je visite, un Intersport. Apres tout, c’est une chaine, ils doivent pouvoir faire des prix plus sympas que ça, non ? Espoirs qui ne vont pas tarder a être déçus, puisque leur entrée de gamme est a 400 euros. Et c’est pareil dans tous les magasins que nous visitons (ils sont nombreux, a Eindhoven).

Je commence a me dire que finalement, je vais peut-être apprendre a freiner en pédalant en arrière, que les poignées de corde a sauter, ca me rappellera la cour de récré, que je vais me passer de vitesses ( la Hollande, c’est pas réputé pour ses montagnes, après tout), et que je vais prendre la version orange du velo fuchsia, histoire de faire ton sur ton avec la rouille qui, selon le vendeur, ne tardera pas a se manifester. Quand même, ca m’ennuie un peu, notamment parce qu’un vendeur qui dévalorise sa propre marchandise, je ne trouve pas ca très marketing, et que le marketing, c’est important quand même.

Et puis finalement, Alex et moi allons acheter des bulbes et une perceuse a Praxis. A priori, rien a voir avec les cycles : Praxis est leur équivalent a la foi de Leroy Merlin et de Truffaut : du matériel électrique en pagaille, des clous, des trucs métalliques improbables pour faire tenir des étagères, un rayon animalerie, des pots en terre en veux-tu-n’en-voila ; bref, le lieu parfait pour réconcilier papa et maman, qui pourront s’abîmer dans la contemplation des étiquettes, d’une part des ponceuses a bande, et d’autre part des Hydrangea Paniculata (et autres latineries botaniques).

Et la, pour 199 euros, le hasard comme par hasard, nous tombons sur un vélo muni de freins, d’un guidon digne de ce nom, et même de vitesses (miracle). Le cadre est même garanti 10 ans (mais je ne sais pas si ça inclut la rouille de la peinture). Je me dépêche donc de l’acheter (des fois que ce soit une erreur sur l’étiquette, ou qu’ils changent d’avis, sait-on jamais). Le seul truc, c’est que je ne suis pas bien sure que ce soit une marque du cru. Mais bon, pour ce prix-là, je veux bien faire des infidélités a la Reine. J’m’excuse, mais merde.
Conclusion du round 1 : acheter un velo en France, c'est quand meme plus avantageux. Donc France 1 ; Nollande 0.