mardi 27 janvier 2009

J'enfile des perles


18:00, Paris, le 26 janvier 2009 : c'est quoi, votre bonne résolution pour la nouvelle année ?

Moi, ma bonne résolution, c'est de prendre du temps pour les travaux manuels. Il paraît qu'aux Pays-Bas, ils sont plus respectueux de l'équilibre entre vie pro / vie privée, donc je devrais pouvoir m'arranger mieux qu'au BCG. Donc j'ai décidé de "faire des perles" ; à savoir, je vais recommencer à faire des colliers, des bracelets, des boucles d'oreille, enfin des trucs de fille, quoi ! Pour ceux qui ne savaient pas, j'en ai fait beaucoup étant étudiante, que je mettais en vente sur un site Internet (http://almapreciosa.free.fr/) ; mais ces dernières années, j'ai eu d'autres choses en tête, et j'ai décidé que ça me manque.

Evidemment, je ne vais pas juste enfiler des petites rocailles les unes après les autres en alternant les roses et les dorées, comme je faisais quand j'étais petite : ça n'est plus très marrant (à part pour ma petite voisine qui me demande de lui sortir les perles roses et les dorées chaque fois qu'elle vient à la maison, soit chaque fois que j'ai oublié de fermer ma porte au moment où elle passe sur le pallier). Je ne vais pas non plus faire des bagues en cristal Swarovski comme celles que toutes les femmes au foyer (ou pas au foyer d'ailleurs, n'est-ce pas maman) se sont mis en tête de produire en masse, notamment pour les marchés de noël.

Non non non, je veux faire des trucs nouveaux, originaux, avec des nouvelles matières, et des nouvelles techniques : c'est ça qui est fun ! Et vu que, comme toute prétendante à un titre (officiel ou non) de Princesse, j'adore les matières qui brillent, les textures qui chatoient, enfin tout ce qui coûte cher, j'ai donc décidé de travailler de préférence à base d'argent, d'or et de pierres précieuses. Le hasard comme par hasard.

Ca tombe bien, cette année je trouve que les créateurs ne se sont pas foulés pour faire de jolies chaussures. L'esentiel de mon bonus de fin d'année est donc sain et sauf, ayant bien résisté aux soldes. C'est donc parti pour du shopping Internet: Ebay et Etsy, me voilà ! (http://www.ebay.fr/ ; http://www.etsy.com/). Hop, un peu d'améthyste, un peu de citrine, trois topazes, quelques mètres de fil d'argent, des fermoirs, des anneaux, des "charms" en tout genre... Le compte paypal de mon frère est dûement mis à contribution (pas de chance, ma banque à moi n'accepte pas Paypal) ; à peine le temps de régler ses quelques centaines d'Euros de découvert via un petit transfert d'argent, que déjà mes premiers colis en provenance des USA, d'Hong Kong, d'Inde et de Thaïlande sont dans ma boîte.

A ce moment là, bien sûr, je me rends compte que j'ai oublié d'acheter des boîtes pour ranger tout ça, et également que quelques outils seraient bien utiles, sauf à avoir un gros budget pour réparer mes petites quenottes qui pourraient mal s'accomoder de la découpe de fil d'argent "à la barbare". Re-belotte pour le shopping de "round nose plier", "compartment bead box" et autres "min steel anvil" (ebay a fait plus pour mon vocablaire d'Anglais que tous mes clients et chefs de projet réunis).

Fin janvier, j'en sais plus que jamais sur les couleurs de la rhodochrosite, de la Mexico Lace agate ou de la Rainforest jasper. Je sais aussi ou se trouve Chanthaburi en Inde, où on extrait les plus belles émeraudes dans le monde, combien en millimètres représente une citrine de 15.61 carats taillée en forme de "teardrop", combien mesure un "inch" ou trois "feet". Forte de toute cette magnifique et nouvellement acquise culture générale, je me sens d'attaque pour commencer un vrai beau travail d'artiste et créer des bijoux magnifiques, sensationnels, mirifiques, d’une originalité troublante bref, du vrai beau grand jamais vu qui fait briller les yeux (rien que ça).

Ca (re-) tombe bien (on dirait que les événements se liguent pour m'encourager à reprendre ma production de colliers), c'est l'anniversaire de ma grand-mère dans quelques jours. Or, chacun sait que les grands-mères, comme les mères (voire en pire), adôôôôôôôrent que leurs petits-enfants leur fassent des belles choses de leurs petites mimines potelées ; enfin, je suppose que si la mienne arrivait à s'extasier de mes empreintes de mains dans de la glaise quand j'étais à la maternelle, sûrement elle sera contente d'un collier avec des améthystes et des citrines (ou alors vraiment les grands-mères ne sont pas comme les autres femmes). J'opte donc pour un collier pour ma mamie chérie.

Donc lundi dernier, c'est parti. Pendant 5 heures je tortille du fil d'argent avec des pinces, je monte des briolettes mauves et jaunes avec des petites perles en argent, je façonne, je tournicote, je tortillonne, bref, je m'escrime avec mes paires de pinces pour faire quelque chose de joli. A la fin de ma soirée, je regarde mon résultat d'un oeil pas complètement exempt de fierté (mais chacun sait que la modestie n'a jamais été mon fort) : j'ai devant les yeux un charmant entrelacs de fil d'argent, de pierres jaunes pâles et mauve léger en forme de goutte d'eau. C'est définitivement plus joli que ma main dans de la glaise ; Mamie va être ravie (j'espère).

Dimanche midi, c'est l'anniversaire en question. Au dessert on offre les cadeaux. Je présente le mien, fière comme si j'avais un bar-tabac. Il suscite des "aah, très joli" et "ooh, pas mal du tout". Je suis un peu déçue que personne ne s’extasie sur mes telants d’artiste ou sur ma minutie, mais bon, on trouve le bijou joli, c’est toujours ça.

Après le dîner, je papote avec mes sœurs. Je leur demande si elles ont aimé le collier (après tout, si on ne me fait pas de compliments, je peux bien aller les pêcher moi-même). Réponse : « oui beaucoup, tu l’as payé cher ? Tu l’as acheté où ? ». Elles ont cru que je l’avais acheté dans un magasin. Au temps pour « l’originalité troublante » et le « vrai beau grand jamais vu ». M’enfin ! Je prends ça pour un compliment.

mardi 6 janvier 2009

J'ai mon contrat


15 :12, Paris, le 6 janvier. Le retour à la vie active, c’est dur

1 semaine de vacances, c’est bien. 2 semaines, c’est mieux. Le premier lundi de janvier, c’est dur. Et voilà, c’est fini la belle vie, les couchers tôt le matin, les réveils tôt l’après-midi, les heures à regarder les vitrines du Printemps, la moyenne à 500 pages de roman lues / jour, les siestes avec le chat à ronronner de concert, les bains de 2 heures avec mon chéri à s’arroser de bon cœur.

A la place je retrouve mon bureau chez le client, les yeux qui veulent pas s’ouvrir le matin, les aiguilles qui veulent pas tourner plus vite pendant la journée, le métro qui veut pas avancer le soir ; les emails qui commencent par « can we hold a meeting tomorrow morning before 9 :00… », les coups de fil qui commencent par « tu es où ? Tu peux passer dans mon bureau ? », et surtout, les heures à s’ennuyer devant l’ordi en attendant qu’on m’envoie « ce truc là, tu sais ? J’aurais besoin d’un coup de main dessus, tu es dispo ? Tu l’as dans 5 minutes, demi-heure max ».

Voyons le bon côté des choses (qui est certes peu évident là tout de suite, mais néanmoins latent).
1. Demain c’est les soldes. Même si je ne peux pas sortir, j’ai toujours mon ordi pour faire les boutiques virtuelles.
2. Fin mars, c’est ter-mi-né !

Eh oui, j’ai enfin reçu mon contrat ! Il a enfin atterri dans ma boîte aux lettres après trois semaines de tribulation postales entre la Nhollande et la France, rédigé tout bien comme il faut, avec marqué en gras « strategy manager » (dès que je les ai reçues, c’est open cartes de visite tellement qu’il est beau mon titre, tellement que c’est le meilleur, tellement que je me la pète, tellement que je l’aime). J’ai aussi le joli formulaire (pré-rempli s’il vous plaît, merci les RH chez Philips) qui va me permettre de bénéficier du statut de non-résident (et hop, 30% de mon revenu n’est plus imposable). Et même, petit miracle en soi, le « employment agreement » en Anglais, celui dont tous les employés doivent prendre connaissance, et qui m’avait déjà auparavant été envoyé à deux reprises… en Nhollandais.

Je peux enfin l’affirmer pour de vrai de vrai : le mercredi 1er avril, je change de job et je vais faire de la stratégie chez Philips. On est à J-85 avant le changement, et ça c’est excitant. J’ai pas idée de la moitié des démarches qu’il faut effectuer pour changer de pays, mais je vais m’y mettre sérieusement. Est-ce qu’il faut écrire une lettre à quelqu’un de l’Etat (le président, le ministère de l’émigration, la garde des Sceaux… Ah non, pas elle, elle est en congé maternité) pour signaler qu’on va s’en aller, que c’est tant pis pour eux, et que c’est plus la peine de nous envoyer des déclarations de revenu à remplir ?

Ce qu’il y a de bon dans ce déménagement, c’est que Philips me paie le déménagement, l’hôtel pendant la période où je serais sans logement, la « relocation agency » qui doit me trouver un appart, et même une prime substantielle de « relocation », probablement au cas où les déménageurs casseraient ma télé (auquel cas je pourrais la remplacer par une salle de projection avec des fauteuils en velours, vu le montant de la prime).

Mais en vrai, ce qu’il y a d’encore meilleur (ne perdons pas de vue les vraies choses authentiques de la vie), c’est que mon amoureux vient avec moi. Eh oui, comme mon cher et tendre va monter une entreprise pour laquelle il doit programmer un logiciel, et qu’il peut bien le programmer de n’importe où, après tout, eh bien il va le programmer depuis les Pays-Bas ! Voilà de quoi faire taire tous les fâcheux qui se moquent de mon habitude de ne sortir qu’avec des geeks. Bon, je ne sais pas si c’est plus mon attrait ou celui des coffee shops qui le fait m’accompagner, mais je suis très soulagée de savoir qu’il va être avec moi dans cette aventure (ce qui devrait m’éviter de finir, comme certains amis qui se reconnaîtront, seule, déprimée et célibataire sous prétexte de se construire un superbe CV).

Voilà, au prochain épisode, Camille va au consulat, Camille met son appart en location ou bien Camille cherche une entreprise de déménagement. Pour l’heure le devoir m’appelle : c’est l’heure du café.
P.S. Mon coeur si tu me lis, je rigole bien sûr : tu viens uniquement pour moi. N'est-ce pas ?
P.S.2 Mystérieux ami qui t'es reconnu, ça va, boude pas, c'est une blague ! Visiblement la nouvelle année a eu quelques effets secondaires favorables à ta vie sociale.